1 min • Dossier réalisé par Philippe Bachelier, Julien Bolle et Thibaut
Godet
Extrait de Réponse Photo
La photographie de rue a le vent en poupe. Ancrée dans
l'histoire de la photographie, elle a connu son heure de gloire
dans les années d'après-guerre mais revient aujourd'hui,
portée par les réseaux sociaux et motivée par les progrès
techniques. Mais comment suivre l'exemple des maîtres tout
en présentant son propre style ? Nous laissons ici la parole à la
nouvelle génération « Instagram » des photographes de rue,
avant de nous replonger dans quelques classiques…
Plus que tout autre style photographique, la photo de rue a ceci de
passionnant qu'elle est une fenêtre ouverte sur le monde et sur
nos contemporains, saisis dans le tumulte routinier de leur
quotidien, tout en étant un miroir tendu reflétant à un certain
moment les états d'âme d'un photographe, le fil de ses humeurs.
À la fois document figure un fragment de réalité d'une ville
donnée et œuvre subjective dans laquelle le marcheur projette de
façon plus ou moins consciente son état au monde, la photo de
rue va au-delà du simple reportage. Une bonne "street photo"
nous touche en déclenchant une certaine empathie : on pourrait
être cette silhouette anonyme et résignée, ou cette femme sortant
de l'ombre, mais également cet œil qui observe avec un mélange
de tendresse et d'ironie. Souvent associée à l'instant décisif de
Cartier-Bresson, qui comparait la photographie au tir à l'arc, la
photo de rue exige un sens aigu de l'observation, une
connaissance parfaite de son outil, mais aussi beaucoup de
patience, et bien sûr de la chance. Mais la street photo ne se
résume pas à un sport – même si elle suscite une émulation
comme peu d'autres catégories de prix de vue, à en croire le
nombre de prix, de manifestations et de communautés créées
autour de cette discipline, qui parfois encourageant un certain
conformisme.
Qu'on le veille ou non, c'est également un art, dans
lequel il faut savoir se distinguer par une vision originale. Cela
passe souvent par un talent pour transfigurer le quotidien dans
des images ouvertes sur l'imaginaire. Outre l'habileté à associer
des éléments disparates dans une composition articulée pour
créer du sens à partir du hasard, la façon dont le photographe de
rue exploite la lumière sera une composante essentielle de son
style. C'est fréquent l'éclairage qui permet de s'extraire de la
banalité du quotidien pour accéder à une forme de théâtralité.
D'autant qu'une bonne lumière pourra faire exploser les teintes
(ou le contraste en noir et blanc) et donner des images presque
abstraites, aussi bien d'ailleurs en lumière naturelle qu'en utilisant
à bon escient les éclairages artificiels de la ville . À ce titre, il est
intéressant de noter que certaines villes (Paris, Nice, Londres,
Istanbul…), certaines saisons (l'hiver et ses lumières rasantes) et
certains appareils (Fujifilm, notamment) reviennent souvent en
street photography, leur « signature » en matière de couleurs et de
lumière étant propice à cette pratique. Plutôt qu'une leçon
didactique, commençons ce dossier par une succession de
témoignages éclairants de « streetphotographs » contemporains,
plus ou moins établis, comme le montre le nombre de « followers
» de leur compte Instagram. Cette diversité de démarches sera, on
l'espère, une source d'inspiration précieuse pour trouver votre voie
!
A suivre sur Réponse Photo
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